Les banques françaises, championnes européennes du financement des énergies fossiles en 2022 – 05.2023

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Banques et Assurances 22 mai 2023

Malgré leur engagement dans l’alliance bancaire Net Zero, de nombreuses banques européennes continuent de financer massivement les énergies fossiles. En tête de file, les banques françaises.

Publié chaque année par cinq ONG* analysant de près les activités bancaires liées aux énergies fossiles, le 14ème rapport Banking on Climate Chaos témoigne d’une réalité inquiétante malgré des profits records en 2022, les banques ont fourni aux entreprises fossiles 673,1 milliards de financement. Un soutien dénoncé par Reclaim Finance qui appelle à des mesures immédiates : « Elles [les banques ] ont fourni des milliards aux majors du pétrole et du gaz, de l’argent qui est associé à des violations des droits humains et alimente le dérèglement climatique. L’approche adoptée par les banques est non seulement vouée à l’échec, mais mène aussi à la souffrance. Elles doivent rapidement assortir leurs objectifs de décarbonation de mesures immédiates pour mettre fin à l’expansion du pétrole et du gaz. »

Les banques européennes, moteurs de l’expansion fossile

Les banques européennes comptent parmi les plus gros financeurs des énergies fossiles : en 2022, elles ont financé les énergies fossiles à hauteur de 130,5 milliards, avec plus de 30 milliards de dollars alloués aux 100 principaux développeurs fossiles. Alors que les flux financiers les plus importants proviennent des banques nord-américaines, 16 banques internationales ont même augmenté leurs financements aux énergies fossiles entre 2021 et 2022. Parmi elles : BNP Paribas, Crédit Agricole et Unicredit, ainsi que deux autres banques européennes, Lloyds et CaixaBank. La quasi-totalité des 25 plus grandes banques européennes mentionnées dans le rapport se sont pourtant engagées, en tant que signataires de la Net Zero Banking Alliance, à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 afin d’assurer une hausse des températures qui ne dépasserait pas 1,5°C.

Pourtant, la plupart continuent de financer les développeurs d’énergies fossiles sans aucune condition. Une contradiction pointée par Katrin Ganswindt, responsable de la recherche financière au sein de l’ONG Urgewald signataire du rapport : « Continuer à financer les entreprises de charbon, de pétrole et de gaz qui développent leurs activités polluantes revient à alimenter la destruction du climat. Les banques doivent laisser tomber les entreprises qui ne peuvent ou ne veulent pas repenser leurs modèles économiques catastrophiques pour l’environnement. En particulier, les banques prétendument soucieuses du climat, comme les membres de la Net-Zero Banking Alliance, doivent fermer une fois pour toutes le robinet de l’argent des expansionnistes fossiles. »

Les banques françaises sur la première marche du podium

Dans le détail, le rapport révèle que les banques françaises sont arrivées en 2022 en tête du classement européen, fournissant plus de 15 milliards de dollars de financement aux 100 plus grands développeurs fossiles. Les banques françaises sont suivies par les banques du Royaume-Uni (4,3 milliards), les banques espagnoles (3 milliards), les banques italiennes (2,5 milliards), les banques allemandes (2,1 milliards) et les banques suisses (1,5 milliard).

Les trois principaux soutiens européens des développeurs d’énergies fossiles sont le Crédit Agricole (6,1 milliards), BNP Paribas (5,5 milliards) et la Société Générale (3,4 milliards). Au niveau global, BNP Paribas se positionne comme le quatrième plus grand soutien à l’expansion fossile depuis 2016, avec 64,2 milliards de dollars de financement aux entreprises développant les énergies fossiles. Une situation que dénonce Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France : « Malgré de nouvelles promesses creuses et de faibles engagements, la banque ne montre aucune intention de changer de cap et a même augmenté en 2022 son financement des énergies fossiles. Quatrième financeur des développeurs d’énergies fossiles et premier financeur des majors pétro-gazières dans le monde depuis 2016, BNP Paribas est même un concurrent sérieux des banques nord-américaines dans leurs activités douteuses. Parce que miser sur le chaos climatique est totalement incompatible avec le respect de son devoir de vigilance climatique, la responsabilité de BNP Paribas doit désormais être engagée devant la justice. »

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