La loi Mobilités durables, adoptée à l’Assemblée nationale le 18 juin en première lecture, a entériné la fin des véhicules thermiques en 2040. Selon un rapport parlementaire, cet objectif est tout à fait réalisable mais va s’avérer très coûteux. De l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros cumulés sur vingt ans. Les émissions de CO2, quant à elles, devraient être divisées par cinq à cette échéance.
C’était l’une des mesures phares du Plan climat présenté par Nicolas Hulot en 2017 : la fin de la vente des véhicules thermiques (essence, diesel, gaz naturel) en 2040. La loi Mobilités, adoptée à l’Assemblée nationale le 18 juin, vient d’entériner cet objectif, faisant de la France le premier pays à légiférer sur le sujet.
Mais passer à une mobilité 100 % propre est-il possible ? Oui, selon un rapport parlementaire de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), publié en mars (1). “Le double objectif d’une très forte réduction des émissions de CO2 et d’une disparition des motorisations purement thermiques est réalisable pour les véhicules particuliers d’ici 2040″ concluent les élus.
500 milliards d’euros sur 20 ans
Seulement, “cette transformation sera coûteuse” précisent-ils, évoquant le chiffre astronomique de 500 milliards d’euros sur 20 ans. Le principal impact demeure dans la perte des revenus provenant de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). En 2019, celle-ci devrait rapporter près de 38 milliards d’euros. A quoi il faut ajouter les coûts liés à la mise en place des infrastructures de recharges (bornes électriques et/ou stations hydrogènes). Ceux-ci sont évalués entre 30,7 et 108 milliards d’euros selon les scénarios d’ici 2040.
Il existe aussi plusieurs enjeux liés à la dépendance vis-à-vis de la Chine pour la fabrication des batteries lithium-ion qui représentent aujourd’hui entre 35 et 50 % du coût de la voiture électrique. Pour y faire face, la Commission européenne, l’Allemagne et la France travaillent à la constitution d’un “Airbus des batteries”. Le rapport recommande en outre de miser sur des critères environnementaux exigeants et sur le recyclage et la seconde vie des batteries pour se distinguer.
Quant à l’impact des points de charge sur les réseaux, les rapporteurs considèrent qu’il n’y a pas de “risque réel” en termes de consommation. En revanche, “le problème existe en termes d’appels de puissance avec un risque d’aggraver les pointes de consommation”, alertent-ils. Enfin, ils soulignent l’importance de maintenir les aides à l’achat “à un niveau suffisant” (bonus écologique de 6 000 euros jusqu’en 2030 avant de passer à 3 000 euros, aide à l’achat de 10 000 euros pour l’hydrogène jusqu’en 2040).
Des émissions de CO2 divisées par cinq
Mais tout n’est pas noir dans le tableau dressé par les parlementaires. Du point de vue environnemental, la fin progressive du parc de véhicule à moteurs thermiques pourrait déboucher sur des émissions de CO2 “divisées par cinq entre aujourd’hui et 2040” quel que soit le scénario retenu. De quoi permettre au gouvernement de s’aligner sur son objectif de neutralité carbone à horizon 2050. La balance commerciale devrait par ailleurs largement bénéficier de la baisse des importations d’hydrocarbures. L’Opecst table sur une chute de la consommation de l’ordre de 80 % en fin de période, ce qui se traduirait par un redressement du solde commercial de près de 30 à 40 milliards d’euros par an au cours actuel du pétrole.
Le rapport note par ailleurs, sans le chiffrer, des gains indirects sur les dépenses de santé, liés à la réduction de l’impact sanitaire de la pollution. Et estime que cette transformation pourrait s’avérer, à terme, “favorable pour le budget déplacement” des particuliers. Sans attendre, certains constructeurs comme PSA, Volkswagen, Volvo ou Mercedes, ont annoncé la fin des voitures thermiques en 2040 et des investissements de 265 milliards d’euros début 2019 en faveur des véhicules électriques. L’Irlande vient d’annoncer qu’elle interdirait elle aussi la vente des véhicules thermiques dès 2030.
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