Omniprésentes dans les collections de fast fashion, les fibres synthétiques ont encore de beaux jours devant elles. C’est la conclusion d’un nouveau rapport diffusé par l’ONG No Plastic in My Sea et la fondation Changing Markets. L’usage toujours plus important de ces matières renforce la dépendance de l’industrie de la mode aux énergies fossiles, compromettant les objectifs climatiques et de circularité des marques.
Polyester, acrylique, nylon… Les fibres synthétiques sont partout. Présentes dans près des deux tiers de nos vêtements et textiles, ces matières issues de combustibles fossiles ne sont pourtant pas sans risque pour l’environnement et la santé. Des conséquences souvent méconnus alors que “ces fibres restent majoritaires chez des marques largement vendues en France et en Europe” explique Muriel Papin, Déléguée Générale de No Plastic in My Sea dans un communiqué.
Un enjeu crucial pour le secteur de la mode qui tarde pourtant à s’en emparer, selon le dernier rapport de l’ONG française, publié en collaboration avec la fondation Changing Markets le 14 décembre 2022. À cette occasion, les deux organisations se sont penchées sur la fabrication, l’usage ou encore le recyclage des fibres plastiques dans l’industrie textile. Les résultats de l’enquête, à laquelle seules 56% des marques interrogées ont accepté de répondre, sont peu optimistes. “Un quart des plus grandes entreprises de la mode affichent une dépendance accrue aux tissus provenant de combustibles fossiles” révèle le rapport.
La fast fashion ultra dépendante
Parmi les mauvais élèves, les géants de la fast fashion Primark, New Look, Bon Prix, Inditex (maison-mère de Zara, Oysho, Stradivarius…) ou encore C&A sont cités. On retrouve également certains équipementiers sportifs, tels que Nike ou Adidas, particulièrement dépendants pour la fabrication de vêtements et accessoires techniques. Avec 64% de fibres synthétiques, la plateforme d’ultra fast fashion Boohoo arrive en haut du classement des marques employant le plus de matières issus de combustibles fossiles par rapport au total de fibres utilisées. Sur l’ensemble du panel, seule une entreprise tire son épingle du jeu : la marque Reformation s’est ainsi engagée à ne plus utiliser de fibres synthétiques vierges d’ici 2030.
Un fait encore trop rare selon les auteurs du rapport qui soulignent une discordance entre les messages marketing des marques de mode, flirtant parfois avec le greenwashing, et leurs engagements concrets. La question des fibres “durables” en est un bon exemple. 81% des enseignes affirment ainsi vouloir augmenter leur approvisionnement en fibres synthétiques recyclées, notamment en polyester. Problème, cette matière est fabriquée en grande majorité à partir de bouteilles en PET, un procédé qui contribue au “décyclage” de ce plastique totalement recyclable. Une fois transformé en fibres polyester, le PET ne pourra plus être réemployé par la suite.
Les fibres synthétiques dans le viseur de la législation
L’usage de vêtements composés de fibres synthétiques représente également une source de pollution. D’après une étude publiée par le Marine Biology and Ecology Research Center (MBERC) en 2016, plus de 700 000 microparticules de plastique sont libérées par machine individuelle dans les eaux usées. Des microfibres qui finissent leur vie dans les cours d’eau et l’environnement. Les fibres synthétiques complexifient par ailleurs la fin de vie des vêtements. Mélangées à d’autres textiles, elles composent des polymatières difficilement recyclables, qui n’ont d’autres issues que d’être jetées.
Mais si “les conclusions du rapport mettent en évidence une déconnexion alarmante entre (…) les objectifs de durabilité de l’industrie de la mode et l’absence de véritables progrès mesurables sur le terrain“, selon Urska Trunk, responsable de campagne pour la fondation Changing Markets, l’espoir reste permis. En France, la législation avance également : depuis le 1er janvier 2023, les vêtements et textiles composés à plus de 50% de fibres issues de combustibles fossiles doivent désormais porter la mention “rejette des microfibres plastiques dans l’environnement lors du lavage“. Une mesure visant à mieux informer les consommateurs qui devrait concerner l’ensemble des fabricants d’ici 2024.
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