L’industrie de la mode va-t-elle enfin prendre les mesures nécessaires pour réduire son impact environnemental ? Missionné par Emmanuel Macron en mai, le PDG de Kering, François Henri Pinault, devait mobiliser le secteur en ce sens. Il présente au G7 le Fashion Pact signé par plus de 147 marques. Elles s’engagent à réduire leur impact sur le climat, la biodiversité et les océans, même si ces objectifs ne sont pas contraignants.
“François Henri Pinault a mouillé la chemise”, assure une porte-parole de Kering. Il faut dire que le calendrier était serré. Le Président Emmanuel Macron avait mandaté en mai le PDG pour mobiliser ses pairs autour de la réduction de leur impact sur l’environnement. Il devait présenter le résultat, le Fashion Pact, au G7 le 26 août. Avec une condition sine qua non à cette coalition : qu’elle rassemble au moins 20 % du secteur mondial de la mode en volume de production. Trois mois plus tard, près de 30 % de l’industrie est mobilisée, à travers 147 marques.
Le Fashion Pact réunit donc des acteurs du luxe comme Chanel ou Burberry, des équipementiers sportifs tels Adidas ou Nike, des groupes de la fast fashion dont H&M group et Inditex, ainsi que des distributeurs comme Carrefour ou Galeries Lafayette. Tous se sont engagés à réduire leurs impacts négatifs autour de trois axes : le climat, la biodiversité et les océans. “C’est une coalition historique”, croit Kering. “On a un volume de signataires suffisants pour inverser les tendances“, promet le groupe.
La mode représente 10 % des émissions de CO2
Tous les volontaires s’engagent à ce que leurs actions soient compatibles avec une trajectoire de réchauffement de 1,5 °C. Aujourd’hui, l’industrie de la mode représente 10 % des émissions de CO2. Les signataires vont mettre en Å“uvre les Science Based Targets (SBT), ces objectifs fondés sur la science, afin de “mener une transition juste pour atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050”.
Même chose pour la biodiversité, même si les SBT ne sont pas encore aussi avancés que sur le climat. “Ils sont en cours d’élaboration mais 2020 sera l’année de la biodiversité, cela permettra d’avoir cette approche. En attendant cela n’empêche pas les entreprises d’agir”, affirme Kering.
Concernant la pollution des océans, là aussi le secteur est particulièrement concerné. Il est responsable de 17 % de la pollution industrielle de l’eau et de 35 % de la pollution plastique océanique due à la désintégration de microfibres de tissus synthétiques. Les entreprises ont le choix des armes pour réduire ces impacts : éliminer le plastique à usage unique d’ici 2030, soutenir l’innovation pour éliminer la pollution par les microfibres, promouvoir des productions agricoles durables…
Sanction réputationnelle
Le ministère de l’Écologie se félicite de cette nouvelle “diplomatie de l’action” : “On sait que lorsque des pionniers assez puissants adoptent des bonnes pratiques, elles se diffusent à l’ensemble”. Reste que ces engagements ne sont pas contraignants, mais “le meilleur policier n’est pas le politique c’est le citoyen, le consommateur. Si vous ne respectez pas vos engagements, vous discréditez vous-même votre marque”, défend Kering. “Le Fashion Pact découle d’une démarche volontaire mais la sanction est réputationnelle”, renchérit le ministère. Tous les ans le Fashion Pact s’engage à rendre compte de l’état d’avancement de ses projets.
La question de l’impact environnemental prend une ampleur de plus en plus large au sein de la société civile. Au point, par exemple, que la Suède a annulé sa Fashion week par souci écologique. On a vu aussi l’étude de Thred Up prédire que, d’ici 2028, le marché de la fripe dépassera celui de la fast fashion.
Ces tendances qui semblent s’ancrer de plus en plus profondément ont déjà poussé quelques marques à prendre des engagements, mais de manière isolée. Zara a ainsi promis que d’ici 2025 100 % des tissus servant à la confection de la marque seraient durables. Adidas a dévoilé en avril ses premières baskets 100 % recyclables. H&M s’engage à ne vendre que des vêtements écologiques d’ici 2030.
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