Une majorité de scientifiques du GIEC pense que la planète se réchauffera d’au moins 2,5 degrés d’ici 2100 – 05.2024

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News 17 mai 2024

Alors que la planète subit un déchainement d’événements extrêmes du Brésil aux Philippines, en passant par le Kenya, près de 400 scientifiques du Giec partagent leur vision de l’avenir climatique auprès du quotidien britannique The Guardian. La grande majorité d’entre eux estiment que le réchauffement dépassera la barre des 2,5°C et appellent à agir dès maintenant pour inverser la tendance.

Des famines, des conflits, des migrations massives, provoqués par des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes d’une intensité et d’une fréquence bien supérieures à celles qui ont déjà frappé. Voilà ce qui nous attend selon les plus grands climatologues au monde interrogés par The Guardian. Le quotidien britannique a contacté les principaux auteurs et éditeurs des rapports du GIEC depuis 2018. Près de la moitié ont répondu, soit 380 sur 843.

Parmi eux, ils sont près de 80% à penser que le réchauffement climatique atteindra au moins 2,5°C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici la fin du siècle, et plus de 40% à tabler sur un scénario supérieur à 3°C. Seuls 6% ont encore l’espoir de rester sous le seuil symbolique des 1,5°C acté dans l’Accord de Paris et 25% sous 2°C. Pour rappel, les politiques actuelles nous placent sur un scénario de réchauffement de +2,7°C.

Déchainement d’événements extrêmes

“Je m’attends à un avenir semi-dystopique avec beaucoup de souffrance chez les peuples du Sud”, a déclaré un scientifique sud-africain, qui a choisi de ne pas être nommé. “La réponse du monde à ce jour est répréhensible : nous vivons à une époque de fous.” Parmi les obstacles cités par les scientifiques, il y a le manque de volonté politique, les intérêts des entreprises, notamment des énergies fossiles, et l’incapacité des pays riches à aider les plus pauvres, frappés en premier lieu par les impacts du changement climatique.

“Nous vivons à une époque de fous”

Je pense que nous nous dirigeons vers des perturbations sociétales majeures au cours des cinq prochaines années”, a également déclaré Gretta Pecl, climatologue de l’Université de Tasmanie. “[Les autorités] seront submergées par des événements extrêmes l’un après l’autre, la production alimentaire sera perturbée. Je ne peux pas ressentir un plus grand désespoir face à l’avenir”, témoigne-t-elle.

Un déchaînement que l’on constate d’ores et déjà, d’un bout à l’autre de la planète ces dernières semaines. Inondations meurtrières en Afghanistan, au Brésil et au Kenya, chaleur écrasante en Asie et en Afrique, où des écoles ont dû être fermées. Le monde vient ainsi de vivre son 11e mois consécutif de record de chaleur avec des températures moyennes qui atteignent des niveaux jamais vus auparavant. Et en Europe, selon de nouvelles données publiées par The Lancet, les décès liés à la chaleur ont augmenté de 31% entre 2003-2012 et 2013-2022. “Le changement climatique est là, en Europe, et il tue”, indique le rapport.

“Chaque dixième de degré compte”

“Ce n’est que le début : attachez votre ceinture”, prévient Jesse Keenan, de l’Université de Tulane aux États-Unis, cité dans The Guardian. “Le changement climatique ne deviendra pas soudainement dangereux à 1,5 °C – il l’est déjà”, souligne Peter Cox, de l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni. Mais, bien que “désespérés et brisés”, les scientifiques appellent à ne pas baisser les bras. “Ce ne sera pas ‘game over’ si nous dépassons le niveau 2°C”, poursuit le chercheur.

The Guardian a consacré un autre article à la parole des scientifiques. Le Français Henri Waisman, de l’Institut de recherche politique de l’Iddri en France, y explique être “régulièrement confronté à des moments de désespoir et de culpabilité de ne pas réussir à faire changer les choses plus rapidement”. “Mais dans ces moments-là, deux choses m’aident : me rappeler combien de progrès ont été réalisés depuis que j’ai commencé à travailler sur ce sujet en 2005 et que chaque dixième de degré compte beaucoup – cela signifie qu’il est toujours utile de continuer le combat”, témoigne-t-il.

Alors que 2024 promet de battre encore de nouveaux records, les scientifiques, bien que partagés sur la trajectoire climatique à venir, sont formels sur la nécessité de passer à l’action. “Je crois aux points de bascule sociaux “, où de petits changements dans la société déclenchent une action climatique à grande échelle, a déclaré Elena López-Gunn, de la société de recherche Icatalist en Espagne. Tout en se méfiant aussi des points de bascule climatiques…

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