Par Marius Doye
Sortie aux États-Unis lors du Earth Day, ce film iconoclaste dénonce les limites, voir la tromperie des énergies vertes et de certaines organisations écologistes. Un film rare qui met en avant l’idée de décroissance et tend à promouvoir une perspective bio-centriste, fonder sur le respect de la vie sur Terre.
Voitures électriques, centrales à biomasse, panneaux solaires, etc. Le cinéaste américain engagé, Micheal Moore déconstruit le mythe des énergies vertes aux côtés de Jeff Gibbs, journaliste militant écologiste de la première heure. Tous deux se plongent dans la transition énergétique des grandes entreprises américaines – des énergies fossiles aux énergies vertes – après avoir collaboré pour « Bowling of Columbine » en 2002 et « Farenheit 9/11 », qui leur a valu la Palme d’or au Festival de Cannes en 2004. Deux autres films qui mettent en cause le rêve américain.
Dans « Planet of Humans », Micheal Moore accuse le capitalisme vert et met à l’écran les « délateurs » qui nous guident vers la mauvaise route : Van Jones, conseiller environnemental de Barack Obama, Bill McKibben, fondateur de 350.org (mouvement écologique qui lutte contre les énergies fossiles) Elon Musk, créateur de Tesla, Robert F. Kennedy Jr., avocat en droit de l’environnement, Micheal Brune, directeur de Sierra Club (1ère ONG vouée à l’environnement créée en 1892), l’ancien vice-président Al Gore, etc. Tant de personnages charismatiques, représentants du libéralisme et du capitalisme d’hier, mais aussi d’aujourd’hui, le capitalisme vert. Mais ces deux capitalismes ne sont-ils pas finalement les mêmes ? Le nouveau capitalisme vert ne serait-il pas qu’un label dans l’ère du temps ? Mais en réalité, n’est ce pas une façade pour détourner les activités industrielles peu respectueuses de notre environnement ?
« Planet of the Humans » répond par la positive. Tout n’est qu’artifice. Les activités de forages, la déforestation, l’exploitation d’énergies fossiles sont toujours en cours et semble même s’accélérer dans certaines régions du monde (nouveaux puits de pétrole aux États-Unis, déforestation au Canada pour les centrales à biomasse, etc.). « Nous sommes en train de perdre la bataille pour arrêter le changement climatique parce que nous suivons des leaders environnementaux, dont beaucoup sont bien intentionnés, mais ils ont vendu le mouvement écologistes aux riches financiers américains » affirme Jeff Gibbs, le réalisateur du documentaire. Craig Kelly, membre du parlement australien pour le parti libéral – s’affirmant lui-même climatosceptique – surenchérit : « Il (Micheal Moore) expose tout sur l’énergie verte comme une simple fraude colportée par de nombreux escrocs qui en font une fortune absolue, et finalement, ce n’est même pas respectueux de l’environnement ».
Audacieux, alarmant et offrant peu de perspectives d’avenir radieux, « Planet of the Humans » fait au moins parler. Pour cela, nous pouvons compté sur Micheal Moore. C’est un documentaire qui invite à débattre, remettre en cause, fait réfléchir, nous interroge vraiment sur la route que notre civilisation est en train de prendre. Trop alarmiste ? Ou à la hauteur des responsabilités qui nous incombe ? Le documentaire est disponible sur YouTube (ICI) jusqu’au 21 mai et cumule déjà plus de 6 millions vues.
Surtout, regardez le film de Jeff Gibbs produit par Michael Moore. Vous ne verrez plus l’écologie comme avant, en vous demandant s’il peut y avoir un après.