Le géant de la cosmétique vient de dévoiler son nouveau plan de développement durable pour 2030 baptisé “L’Oréal pour le futur”. Au programme : de nouvelles ambitions sur le climat mais aussi sur la biodiversité et le social. Alexandra Palt, directrice générale de la Responsabilité sociétale et environnementale (RSE) de L’Oréal nous explique la stratégie mise en place pour y parvenir.
Vous venez de publier votre nouvelle stratégie de durabilité à dix ans. Les nouvelles ambitions climatiques sont fortes. 100% de sites neutres en carbone d’ici 2025 avec 100% d’énergies renouvelables et une réduction de 50% de l’ensemble de ses émissions de gaz à effet de serre par produit fini d’ici 2050 par rapport à 2016… Comment y arriver ?
Alexandra Palt. Jusque-là nous avons surtout travaillé sur notre appareil de production. L’Oréal dispose désormais de 35 sites neutres en carbone dont 14 usines. Cela passe par l’utilisation de 100% d’énergie renouvelables mais aussi par l’efficacité énergétique. Nous avons réduit les émissions de CO2 de nos usines et centres de distribution de 78 % en valeur absolue, soit bien plus que notre objectif initial de 60 % d’ici à 2020. Et ce, alors que le volume de production a augmenté de 37 %.
Désormais, nous allons insister sur le scope 3, c’est-à-dire sur les émissions générées par nos consommateurs, par exemple en améliorant la “rinçabilité” de produits pour qu’ils utilisent moins d’eau et d’énergie. Cela nécessite cependant un changement de comportement des consommateurs. Une partie de notre stratégie consiste donc à mieux l’informer grâce à l’affichage environnemental des produits. Nous allons le tester sur la marque Garnier en publiant sur internet le profil environnemental et social (recours à l’insertion, empreinte carbone, eau…) des produits qui seront notés de de A à E.
Vous avez également décidé d’insister sur la biodiversité. En quoi est-ce important Pour L’Oréal ?
La situation globale de la biodiversité est critique. Comme pour le climat, il ne s’agit plus de faire mieux par rapport à nos anciennes pratiques mais de se transformer suffisamment pour que nos activités soient compatibles avec les limites planétaires. Cela doit nous permettre à la fois d’accéder à une matière première de qualité mais aussi de trouver des solutions pour contribuer significativement à la société.
D’ici 2030, nous aurons 100% de nos ingrédients issus de la nature sourcés durablement et nous n’accroîtrons pas la surface cultivée pour augmenter la production de matière première. Nous voulons aussi montrer qu’il existe un modèle économique pour la restauration grâce à l’impact investing environnemental. 50 millions d’euros seront dédiés à la restauration d’écosystèmes endommagés via la création du Fonds L’Oréal pour la régénération de la nature géré par Mirova. 50 autres millions serviront à financer des projets d’économie circulaire.
Quels sont, selon vous, les facteurs de succès ?
Notre culture du long terme, l’engagement des équipes mais aussi de toute la chaîne de valeur…Nous pouvons aujourd’hui prouver l’ancrage de nos engagements dans notre activité. 95% de nos nouveaux produits ou de nos produits rénovés auront un profil environnemental et social amélioré en 2020, grâce notamment à notre outil d’évaluation SPOT. C’est extrêmement important car cela positionne le développement durable au cœur de notre activité. Cela demande d’embarquer tous les métiers, de la R&D au marketing en passant par la production, et pose le paradigme de la performance économique de la durabilité comme fondement de la culture d’entreprise.
La crise du Covid-19 a remis sur le devant de la scène la question de l’utilité sociale des entreprises. Quel impact cela a eu sur la stratégie de L’Oréal, qui vend des produits a priori non essentiel ?
À aucun moment, il n’a été question d’arrêter ou de réduire les ambitions de durabilité du groupe. Le travail de dialogue avec nos parties prenantes a montré sa pertinence et son efficacité dans la crise. Nous avons fait la preuve de notre utilité en continuant à accompagner nos fournisseurs et les associations, en ne recourant pas au chômage partiel et en reconvertissant 70% de nos usines pour produire 15 millions d’unités de gel hydroalcoolique pour les soignants.
Mais notre utilité est aussi dans notre objet social : la quête de beauté et le soin que l’on se porte est un désir essentiel. Cela se vérifie depuis le début de l’humanité, dans toutes les cultures. C’est pourquoi depuis des années nous offrons des soins aux femmes vulnérables, face à la pauvreté ou la maladie. La crise nous a incité à renforcer cette action avec la création d’un fonds de 50 millions d’euros destiné à lutter contre la précarité et les violences faites aux femmes, tout en favorisant leur insertion professionnelle et sociale.
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